Elévation de Thérézille au rang de Sœur

Ma chère Thérése, Ma très chère Thérézille,

Nous revoilà, quelques mois après ton élévation au rang de Novice, sur un trottoir parisien, toi à genoux face à moi, et moi debout face à toi. L’image est rare.

Avant d’entamer des choses joyeuses, je vais commencer par t’annoncer des mauvaises nouvelles :

Tu n’es pas une citoyenne comme les autres ma chère, non pas par ce que tu as un chic fou, mais tout simplement par ce que tu es une homosexuelllemmehsdhfepef (arf ça râpe en bouche ce mot), oui ma chère, tu es une citoyenne au rabais, une sous citoyenne.

Tu n’as pas le droit de te marier, tes amours sont invisibles aux yeux de l’Etat. Alors que notre président Ja Gutt Ja Voll ! Nicolas Khaposy s’est marié pour la troisième fois en janvier. Toi, tu n’as même pas le droit de le faire une fois. Pire, tu n’as pas ce droit fondamentale qu’est le divorce ! Nous ne pouvons pas divorcer !

Autre mauvaise nouvelle, tu n’as pas non plus le droit de voir ta merveilleuse ligne se déformé lentement pendant 9 mois. Et non chérie, tu n’as pas non plus le droit à avoir des enfants. Ni en adoptant, ni avec la procréation médicalement assisté. Fantastique non ? Et donc de fait, tu n’as pas le droit à l’avortement !

Il faut bien que tu comprennes : Tu es une perverse !!! Tu vas pervertir les enfants si tu en fais. Mais comme tu en fais pas vu que tu es homosexuelle, tu es une menace pour la survie de l’humanité !

Par contre tu as le droit de fermer ta gueule, de te faire insulter, de te faire tabasser, comme ça. Bin, oui, vu que même la loi te reconnaît pas comme une citoyenne a part entière, je vois pas pourquoi en plus on aurait pas le droit de te tabasser, de te tuer.

Autre mauvaise nouvelle : Le sida continue de tuer, encore et toujours. De Paris à Bamako, en passant par Dallas, Soulac et Hanoï.
Parce que le sida c’est sale, c’est les tox et les pédés,
Parce que le sida c’est une punition divine, par ce que ça arrange pas mal de monde,
Parce qu’au dela de la maladie, c’est nos préjugés, notre rejet, qui tue les malades.
Tant que ce sera Mamadou au Burkina Faso, tant que ce sera Michelle ancienne tox, à Gueret dans la creuse et pas nos amis de Saint Germain des Près et de la Rive droite parisienne, on s’en foutra.
Tant que ce ne sont pas sur les faubourgs de Washington que l’on meurs la gueule ouverte, on s’en foutra.
Tant que l’on restera dans le silence et la honte, on mourra.
Pour reprendre un vieux slogan, l’Europe compte ses sous, l’Afrique compte ses morts.

Alors avant que les dirigeants percutent, il va te falloir du courage, pour ressortir inlassablement tes talons, tes robes du meilleur goût, pour retourner encore et toujours, sur les trottoirs, dans les champs, les parcs, les boites, les festivals, porter la bonne parole de nos saints protecteurs Saint Latex et compagnie.

Je dois aussi te mettre en garde, au moins aussi bien que ne l’aurait fait ta chère Marraine, Sœur Eve Dune Nuit. N’oublie Jamais qu’au dela du périphérique, vivent des gens, si si je te le jure. Et qu’eux autant que les parisiennes du Queen, ont besoin, de l’amour, de la joie, d’entendre nos vœux (et nos âneries aussi)

N’oublie Jamais d’être à l’écoute du monde, de nos Ouailles, de tes sœurs.

N’oublie Jamais l’amour que l’on te porte, moi et la grosse vulgaire qui est à côté de moi et qui est persuadé d’être Whoopi Goldberg, et sers toi de cette amour pour le tendre à tes sœurs, même quand elles te tournent le dos.

N’oublie Jamais qu’il ne sert à rien de rajouter de la peine à la tristesse.

N’oublie Jamais d’etre très ouverte pour tous ceux que tu seras amené à rencontré, même s’ils veulent te tuer.

N’oublie Jamais que les punks à chiens de Varsovie sont nettement moins cool que ceux du Quai de la Gironde.

N’oublie Jamais tout cela et je pense que ah …ça ira ça ira ça ira.

Pour finir deux choses, la premiere de Rudyard Kipling

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudente,
Si tu sais être bonne, si tu sais être sage
Sans être moral ni pédante ;
Tu seras une Sœur Chérie !

L’autre, ta mère s’apellait :
Sœur Eve Dune Nuit
Faiseuse d’Anges ;
Faiseuse d’Anges ? Je n’en doute pas !